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Tossou Immaculé

#Azadirachta indica a. Juss. NEEM /MARGOUSIER



TRAITEMENT HUMAIN ET VETERINAIRE



DISTRIBUTION ET CONSERVATION



Azadirachta indica, plus communément appelé margousier, est une plante de la famille des Meliaceae et du genre Azadirachta. Cet arbre originaire d’Inde et du sub-continent indien (Bangladesh, Sri Lanka, Népal et Pakistan) est de nos jours cultivé dans de nombreuses régions tropicales à sub-tropicales. A l’état sauvage, on le retrouve plutôt dans les forêts de plaine. Son état de conservation n’est pas préoccupant et le margousier est parfois même considéré comme indésirable (Orwa et al., 2009).



USAGES TRADITIONNELS

Le margousier est utilisé depuis plus de deux mille ans pour ses propriétés médicinales et est considéré par les nations unis comme « l’arbre du 21ème siècle ». Il est un des composants majeurs de la pharmacopée traditionnelle indienne, connu sous le nom de « dispensaire » dans les villages.Toutes les parties de la plante sont utilisées. Ces feuilles ingérées sont utilisées dans le traitement de nombreuses maladies infectieuses telles que la variole, le paludisme et les maladies fongiques. Elles servent aussi pour traiter les douleurs musculaires, stimuler l’immunité et déposées dans les armoires elles servent pour éloigner les insectes.



L’huile de margousier est utilisée pour guérir les maladies hépatiques, détoxifier le sang, réguler le taux de sucre dans le sang, lors de lèpre, de syphilis et d’ulcères chroniques. Les branches sont utilisées en tant que brosse à dent et dentifrice (Orwa et al., 2009).

Le tourteau de graines est reconnu comme étant l’insecticide naturel le plus efficace de nos jours par le national research council.



L’écorce et la racine sont utilisées dans le traitement des maladies de la peau (eczema, psoriasis, acné), du diabète, des tumeurs, du VIH, des problèmes cardiaques, de l’herpes, des allergies, des ulcères et des hépatites. La fleur séchée et le fruit sont utilisés lors de blessures et dans le traitement de la lèpre.

L’infusion de fleur est donnée lors de faiblesse généralisée et de dyspepsie (Hashmat et al.,2012). En médecine traditionnelle khmère, les feuilles âgées et les graines sont utilisées comme insecticides (Dy Phon, 2000).



L’écorce et les feuilles sont considérées comme antipaludiques. Les feuilles, en mélange avec d’autres organes végétaux servent à préparer une boisson antifébrile et aussi à tuer les crabes des rizières (Martin, 1971). Les graines séchées entrent dans la préparation d’une crème spermicide en préparation contraceptive d’application locale (Dy Phon, 2000). Les jeunes fruits et les racines sont anthelminthiques (Provendier, 199.



Les feuilles pilées sont utilisées dans le traitement des morsures de serpents, des abcès et de l’eczema. La fleur séchée est tonifiante et détoxifiante (Heang et al., 2006) Tout comme en médecine traditionnelle humaine,



Azadirachta indica est une des plantes phares de la pharmacopée traditionnelle vétérinaire.



Toutes les parties de la plante sont utilisées dans le traitement de nombreuses affections. L’écorce est utilisée chez le bétail pour traiter les vomissements, la fatigue, la fièvre, la soif, les ulcères, les rhumes, les désordres sanguins et les troubles urinaires. Les feuille sont utilisées en application locale pour soigner le bétail lors d’affections cutanées (Orwa et al., 2009), comme répulsif contre les insectes, pour traiter les affections oculaires, les abcès, les inflammations de la mamelle ou encore pour soulager après une castration. Par voie orale, elles sont utilisées lors



d’inflammation, de fièvre ou d’ulcères. Les fruits sont utilisés lors de troubles urinaires et de problèmes cutanés ou de maux de dents. Les graines servent de répulsifs contre les tiques du bétail (Wynn et Fougère, 2007).

En élevage avicole, le margousier sert en application locale pour traiter les blessures et repousser les insectes et par voie orale il permet de lutter contre la diarrhée (Wynn et Fougère, 2007). Au Sénégal, les éleveurs de poules ajoutent des écorces de margousier dans l’eau de boisson des animaux pour les protéger des endoparasites (Akingboye, 1997). Dans notre étude, les feuilles sont données oralement aux bovinés lors de septicémie hémorragique et utilisées lors de fièvre. L’écorce est placée dans l’eau de boisson des poules pour lutter contre les maladies infectieuses diverses dont Newcastle, coryza et variole. Les feuilles et les tiges placées dans le nid des poules servent comme insecticide. En élevage porcin, les feuilles sont utilisées comme anti pyrétique et mélangées à de l’amidon de riz, elles sont utilisées par voie anale pour lutter contre la constipation.



I PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES

Azadirachta indica, considérée comme une des plantes mères de la médecine traditionnelle, est étudiée depuis de nombreuses années. Trois revues scientifiques récentes (Nishan et Subramanian, 2014; Ruchi et al., 2014 ; Koriem, 2013) seront ici utilisées pour résumer le plus succinctement possible les nombreuses propriétés démontrées du margousier.



Activité immunomodulatrice

Démontrée in vitro et in vivo à partir des extraits de margousier qui stimulent l’immunité cellulaire et humorale. Ils sont aussi efficaces dans le traitement des réactions allergiques en limitant les réactions anaphylactiques et en désensibilisant l’individu.



Activité anti inflammatoire, anti pyrétique et analgésique Activité anti inflammatoire démontrée in vitro à partir de la nimbidine, premier extrait cru obtenu grâce à l’huile de margousier. Activité anti pyrétique démontrée in vivo chez les rats à partir des extraits méthanoliques des feuilles. Activité analgésique démontrée in vivo à partir de l’huile de graine de margousier (activité comparable à celle de la morphine). Activité antibactérienne Démontrée contre Mycobacterium tuberculosis à partir des extraits d’écorce et de l’huile de margousier.



Démontrée in vitro à partir des préparations à base d’huile contre de nombreuses bactéries, gram positif et gram négatif dont S.aureus, B.cerus, B.pumilis, E.coli, P.vulgaris, S.typhi, K.pneumoniae, S.dysenterae, Enteroccocus faecalis,Streptoccocus mutans, salivarius, sanguis et mitis. Les extraits inhibent aussi la croissance des biofilms crées par Pseudomonas aeruginosa. Activité anti virale Démontrée in vitro à partir des extraits de margousier contre plusieurs virus dont le virus herpes simplex, Coxsackie virus B, Vaccinia virus, Variola virus, Chikungunia virus, le virus de la dengue, Poliovirus, le virus de la variole aviaire et de Newcastle. Activité anti parasitaire Démontrée in vitro à partir des extraits de margousier contre un large spectre de parasites dont Tripanosoma, Leishmania, Plasmodium et nématodes.

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Activité anti filaire démontrée in vitro à partir des extraits alcooliques des fleurs contre Setaria cervi qui affecte principalement les buffles d’eau. Activité insecticide Démontrée in vitro et in vivo à partir de nombreux extraits de la plante. Il existe plus de 400 insectes sensibles à l’action des azadirachtines (principe actif isolé de la plante) dont les mouches, poux, araignées, moustiques, cafards, scarabées, tiques, puces et anophèles (vecteur du paludisme) (Sevenet, Tortora, 1994). Potentiel acaricide modéré contre les tiques du bétail, Rhipicephalus boophilus (Shima et al., 2014). Activité fongicide De nombreux champions sont sensibles à Azadirachta indica. Les exemples les plus communs sont C.albicans, A.fumigatus, A.flavus, A.niger, M.gypseum, M.canis, T.mentagrophytes, T.rubrum et Cladosporium sp. Activité anti dermatophytique démontrée à partir des extraits de feuilles. Activité anti ulcère Démontrée in vivo chez le rat à partir de la nimbidine isolée de la plante et lors d’un essai clinique sur patients humains à partir des extraits de l’écorce.



Activité anti venin de serpent Démontrée in vitro à partir des extraits de feuilles. Activité anti diabétique Démontrée in vivo sur rats diabétiques à partir de la plante entière. Activité hypoglycémiante démontrée in vivo sur des lapins à jeun à partir de la nimbidine extraite de l’huile. Activité anti hypertensive et anti hyperholesterolémique Activité anti hypertensive démontrée in vivo sur rats à partir des extraits aqueux de la plante. Activité anti hypercholéstérolémique démontrée in vivo sur rats à partir des extraits de feuilles matures. Activité anti tumorale Plusieurs principes actifs contenus dans l’écorce, les feuilles, les graines et l’huile de graine réduisent tumeurs et cancers sans provoquer d’autres effets secondaires grâce à des propriétés immunomodulatrices et apoptotiques.



Activités diverses Propriétés contraceptives démontrées à partir de l’huile (action spermicide, inhibitrice du développement embryonnaire et blocage partiel de l’ovulation). Activité anti oxydante démontrée in vitro à partir des extraits de jeunes fleurs et de feuilles.



ÉTUDES CONCERNANT LES ANIMAUX DE PRODUCTION D’INTÉRÊT



Élevage avicole Activité immunomodulatrice Les feuilles d’Azadirachta indica ont des propriétés immunostimulatrices qui améliorent la réponse immunitaire des animaux aux vaccins de Newcastle et de Gumboro.



En effet, dans les études effectuées sur les poulets de chair et poules pondeuses, l’ajout de feuilles de margousier dans l’eau de boisson augmentent les titres en anticorps post vaccinaux des animaux tout en augmentant les performances générales de croissance (Ruchi et al., 2014 ;

Sarker et al. 2014). Dans une autre étude, Nnenna et Okey (2013) indiquent que l’ajout d’extrait de feuilles dans la ration n’a pas d’effets délétères sur la santé des animaux. Activité anti virale L’activité anti virale des extraits de margousier contre le virus de l’entérite virale du canard a été démontré in vivo (Ruchi et al., 2014). Activité anti parasitaire Le tourteau de margousier, en plus de son goût appétant, a des propriétés vermifuges démontrées chez le poulet (Nishan et Subramanian, 2014). De plus, Sarker et al. (2009) démontrent que l’administration unique par voie orale d’Azadirachta indica à la dose de 1mg/kg est efficace dans le traitement des Ascaridoses (absence de parasites visibles à l’autopsie). Activité diverses L’huile d’Azadirachta indica est efficace dans la prévention de la contamination de l’aliment par Aspergillus flavus (Nishan et Subramanian, 2014). Pour finir, Latheef et al. (2013) démontrent que l’ajout d’extrait pur de margousier dans la ration des poules permet de combattre la dépression hématologique engendrée par l’infection par le virus de l’anémie infectieuse du poulet

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Élevage porcin



Effet sur la croissance des animaux Une étude réalisée par Sastry et Agrawal (1992) indique que le tourteau de graines de margousier peut être ajouté dans la nourriture des porcs sans effets délétères sur les animaux. Au contraire, il augmenterait les performances de croissance en stimulant la prise alimentaire. Activité anti parasitaire Un deuxième essai clinique sur porcs étudie l’efficacité d’une mixture de plantes médicinales, dont Azadirachta indica dans le traitement de la gale. Cette mixture améliore l’état de la peau et permet un meilleur rétablissement des porcs après infestation par Sarcoptes scabei. Néanmoins cette protection est limitée dans le temps (95 jours) (Barriyar et Prasad, 2005).



Élevage boviné



Effet sur la croissance des animaux Une étude met en évidence la possibilité d’utiliser les feuilles de margousier dans l’alimentation du bétail. Elle augmenterait le gain moyen quotidien et limiterait les infestations parasitaires des animaux (Kukde et al., 1999).



Activité cicatrisante Une étude réalisée sur des veaux et des chèvres met en évidence l’efficacité de l’utilisation d’une pommade à base d’Azadirachta indica dans le traitement des lésions cutanées du bétail (Rahman et al.,2009). Activité anti acaricide Plusieurs études ont été menées pour déterminer le pouvoir acaricide du margousier sur les tiques du bétail. Les résultats ne sont pas très concluants, allant de l’inefficacité totale de la plante (Ramzan et al., 200 à une efficacité modérée mais moins importante que l’ivermectine, antiparasitaire de synthèse (Web et David, 2002).



Remarque: L’activité anti nématode a été mise en évidence lors d’un essai clinique sur des moutons pendant la saison humide (efficacité moins importante en saison sèche) (Ruchi et al., 2014). Une deuxième étude montre l’efficacité du margousier contre Haemonchus contortus chez le mouton et la chèvre (Nishan et Subramanian, 2014)