#Fiche technique du vernonia
Vernonia amygdalina est présent à l’état sauvage dans la plupart des pays d’Afrique tropicale, depuis la Guinée jusqu’à la Somalie et vers le sud jusqu’au nord-est de l’Afrique du Sud, ainsi qu’au Yémen. Il est couramment cultivé comme légume au Bénin, au Nigeria, au Cameroun, au Gabon et en R.D. du Congo et aussi, dans une moindre mesure, dans les pays voisins. Les Luhyas, à l’ouest du Kenya, utilisent Vernonia amygdalina comme légume, mais ils ne le cultivent pas.
La vernonie commune est un légume très apprécié en Afrique occidentale et centrale, et se consomme dans des divers plats. Au Nigeria, où la plante s’appelle “ewuro” en yoruba et “onugbu” en igbo, on fait cuire les feuilles en soupe. Une fois hachées, blanchies et façonnées en boulettes de la taille du poing, les feuilles sont parfois vendues sur les marchés. Au Cameroun, les feuilles ainsi transformées sont cuites avec de la viande ou des crevettes et mélangées à des arachides moulues, pour préparer un plat réputé, le “ndole”. On peut aussi cuire les feuilles entières avec des tubercules de manioc ou d’igname, ou faire sécher les feuilles et les réduire en poudre pour les utiliser en soupe. Au Cameroun, on consomme parfois les feuilles crues, non transformées et assaisonnées d’huile de palme et de sel. Les chèvres broutent les feuilles. Les branches et les tiges sèches fournissent un combustible. Les jeunes rameaux s’utilisent comme cure-dents ou comme bâtonnets à mâcher. La plante est parfois plantée pour servir de haie. Les branches servent de poteaux pour délimiter les champs.
Vernonia amygdalina s’emploie couramment en médecine traditionnelle. Des décoctions de feuilles sont utilisées pour traiter la fièvre, le paludisme, la diarrhée, la dysenterie, l’hépatite et la toux ainsi que comme laxatif et pour encourager la fécondité. On les emploie aussi comme remède contre la gale, les maux de tête et les maux d’estomac. Des extraits de racines servent aussi à soigner le paludisme et les troubles gastro-intestinaux. Au Nigeria, on applique les feuilles sur les plaies pour remplacer la teinture d’iode. L’un des usages médicinaux les plus courants de Vernonia amygdalina est le traitement contre les vers intestinaux, y compris les nématodes. Les humains, mais aussi les chimpanzés, ingèrent la moelle amère de Vernonia amygdalina pour lutter contre les infections intestinales dues aux nématodes. Au Zimbabwe, on utilise l’infusion de racine pour traiter les maladies sexuellement transmissibles. On prend aussi des infusions d’écorce pour traiter la fièvre et la diarrhée, et les fleurs séchées s’emploient contre les troubles d’estomac. Vernonia amygdalina est également utile pour lutter contre les maladies des plantes. Par exemple, la cendre des branches brûlées sert à lutter contre les champignons transmis par les semences (Curvularia, Aspergillus, Fusarium et Penicillium spp.), et ceci améliore ainsi la viabilité des graines et leur capacité de germination. On emploie aussi la plante comme substitut du houblon pour produire de la bière. Vernonia amygdalina est une plante mellifère bien connue.
Les feuilles sont parfois récoltées dans la nature, mais la plupart des gens préfèrent les feuilles issues de plantes sélectionnées et cultivées, qui sont généralement moins amères. La vernonie se cultive d’ordinaire pour une consommation familiale et moins souvent pour être vendue sur les marchés, mais la tendance est de vendre de plus en plus le produit transformé plutôt que les branches feuillées. Au Cameroun, les feuilles transformées se vendent cinq fois plus cher que la denrée crue. Ces feuilles transformées sont exportées d’Afrique de l’Ouest sous forme séchée ou congelée et sont proposées sur les principaux marchés de légumes africains en Europe. On ne dispose pas de statistiques de production.
Vernonia amygdalina est présent à l’état naturel le long des rivières et des lacs, à la lisière des forêts, dans les savanes boisées et les savanes herbeuses, jusqu’à 2000 m d’altitude. On le rencontre souvent dans les milieux perturbés, comme les terres agricoles abandonnées, et on le trouve spontané dans la forêt secondaire. Il a besoin d’être cultivé en plein soleil. La floraison est provoquée par les jours courts. Bien que relativement tolérant à la sécheresse, il préfère un environnement humide. On le trouve sur tous les types de sol, mais il réussit mieux sur un sol riche en humus.
Excepté un virus de frisolée, aucune maladie importante affecte la production. Les ravageurs ne provoquent pas de dégâts importants non plus, bien qu’au nord du Nigeria on en ait observé de nombreuses espèces, parmi lesquelles il faut citer des thrips, des pucerons, des fourmis, la mouche blanche,Empoasca spp., Sphearocoris annulus, Fabricius spp., Ptyelus grossus, Polyclaeis spp. et Xanthochelus vulneratus. Un remède traditionnel est de répandre de la cendre de bois sur les feuilles pour tenir les fourmis et pucerons à distance. Le charançon de la vernonie Lixus camerunus peut causer des dégâts aux tiges et aux branches en y creusant des galeries, ce qui les fait casser.
La multiplication est possible par graines, mais la plupart des paysans utilisent des boutures de tiges. On choisit les boutures sur des tiges adultes, sur la base de critères comme le degré d’amertume, la taille des feuilles et les caractéristiques de croissance. Dans les jardins familiaux, on cultive souvent plus d’un type, parce que les jeunes préfèrent les types doux, peu amers et les gens plus âgés aiment mieux les types amers. Les boutures peuvent être mises en terre droites ou de biais, à un angle de 45º, pour obtenir davantage de pousses latérales. Elles poussent plus vite que les plantes de semis. On peut récolter les semences sur les capitules secs. On sème à la volée sur des planches de pépinière préparées avec un sol riche en humus et à l’abri d’une chaleur excessive et du soleil. Les graines prennent 2–3 semaines pour germer. Au cours des vagues de sécheresse, il est important d’arroser fréquemment les pépinières. Environ 4–6 semaines après la levée, on peut procéder au repiquage. Dans les jardins familiaux, les gens cultivent la vernonie parmi d’autres cultures ou comme haie ; dans les champs commerciaux, elle est plantée en lignes.
#Légume