Voir plus de contenu
ou




Traore Phénix Mensah

IDENTIFIER ET LUTTER CONTRE LES NÉMATODES PARASITES DE L'IGNAME



Les nématodes parasites de l'igname sont des organismes ravageurs majeurs qui entravent l’épanouissement de la filière dans bien des régions productrices ; tant au champ que durant le stockage. Ils sont doublement nuisibles pour les tubercules et plantes ; car vecteurs des viroses et dommageables par leurs piqûres. Trois espèces sont particulièrement farouches. Talkag la plateforme du savoir agricole, propose une analyse des attaques pré- et post-récolte de ces parasites et les moyens de lutte basique.







GÉNÉRALITÉS SUR LES NÉMATODES PARASITES DE L'IGNAME



Il existe une multitude d’espèces de nématodes. La plupart ne causent pas de grandes pertes économiques, mais quelques espèces sont d'importants ravageurs qui entraînent parfois la destruction totale de la culture. C’est ainsi que dans la culture de l’igname, il est distingué principalement trois espèces qui affligent énormément de dégâts.



Il s’agit d’une part des nématodes, scutellonema bradys et Pratylenchus coffeae ( nématodes à lésions ou de l’igname qui sont des endoparasites migrateurs) ; d’autre part de Meloidogyne incognita ( nématodes à galles ou des racines qui sont des endoparasites sédentaires).

Les nématodes à galles affectent principalement les racines; entraînant un ralentissement de la croissance et une réduction du rendement de l’igname au champ. Alors que les nématodes de l’igname affectent principalement les tubercules pendant le stockage.



Les travaux, conduits en Afrique de l'Ouest et rapportés dans la littérature, ont montré que scutellonema bradys était le parasite majeur dans cette région et qu'il était capable d'infecter la plupart des espèces et des variétés cultivées (D. cayenensis, D. a/ata, D. bulbifera, D. dumetorum et D. esculenta), sans qu'il ait été possible d'identifier une source de résistance contre ce nématode.



Il n'y a pas de symptômes au-dessus du sol. Ainsi c’est lors du stockage que les symptômes sont plus perceptibles. Tout de même, parfois, les symptômes externes ne sont pas visibles sur les tubercules.







ATTAQUES DES NÉMATODES PARASITES DE L'IGNAME



Attaques pré-récolte



Le nématode de l'igname (scutellonema bradys en particulier) se trouve dans les couches peridermiques et subperidermiques des tubercules et dépasse rarement une profondeur de 1 à 2 cm pendant Ie développement des tubercules. Il n’impacte pas significativement sur le rendement au champ ; mais les dégâts à la surface des tubercules sont importants.

L’attaque du nématode à galles (Meloidogyne incognita) est à l'origine d’une formation de galles sur les racines. Lorsque l’attaque est sévère, il engendre des tubercules noueux et irréguliers.

La présence de ces deux types de nématodes dans une parcelle d’igname peut entraîner des dégâts considérables et par ricochet compromettre sérieusement l’économie de la culture.

Il est capital de noter que, les attaques des tubercules par les nématodes de l'igname servent de porte d'entrée aux organismes pathogènes, notamment les champignons et les bactéries. La présence de ces organismes entraîne une pourriture humide progressive pendant le stockage





Attaques post-récolte



Le nématode de l'igname est le principal ravageur des tubercules durant le stockage. En effet, lors du stockage, les nématodes de l'igname affectant les couches peridermiques et subperidermiques des tubercules se multiplient et pénètrent plus profondément dans Ie tubercule. Ceci génère des pourritures sèches et humides ; source d’énormes pertes.

Rappelons tout de même que, Ies nématodes de l'igname et le nématode à galles sont tous deux associés à des pourritures du tubercule d'igname.

Notons aussi que les nématodes de l'igname n'interviennent pas directement dans Ie dernier stade de développement de la pourriture humide







LEVIERS DE LUTTE CONTRE LES NÉMATODES



Les pratiques agricoles jouent un rôle important dans la détermination de I' étendue des dégâts causés aux plantes par les maladies et ravageurs de l’igname.

Il est donc indispensable de mettre au point des systèmes culturaux améliorés ; capables de fournir une barrière naturelle contre l'intensification des maladies. Ceci, afin que les petits exploitants d'ignames des zones humides et subhumides d'Afrique occidentale puissent bénéficier d'une production durable.



Choix du matériel de plantation



Il est recommandé comme base, l’utilisation de semenceaux sains ; car dans le cas de l’igname, la plupart des maladies se transmettent par le biais du matériel de plantation. Ainsi donc, avant la plantation, il faut inspecter soigneusement le matériel de plantation ; pour des symptômes de pourriture sèche en grattant l'écorce. Utilisez la thermothérapie (le traitement à l'eau chaude) ; pour réduire ou éliminer les nématodes des tubercules (température de l'eau à 50-55 °C pendant maximum 40 min). Les semenceaux présentant des symptômes de pourriture sèche (fissuration et écaillement) ne doivent pas être utilisés pour la plantation. L’on conseille également d’enduire les semenceaux avec de la cendre de bois pour aider à réduire le nombre de nématodes.





Rotation de culture



La rotation culturale constitue un levier de lutte efficace contre les ennemis des cultures. À cet égard, il faut noter que les arachides ; Stylosanthes, Centrosema, Leucaena, Mucuna et les variétés de niébé résistantes aux nématodes réduisent de manière considérable les populations de nématodes au champ.



Le système de culture



Le choix du système de culture ne doit pas être hasardeux ; puisque, la pression des maladies peut être réduite en évitant d'associer l'igname à des cultures hôtes des maladies. Ainsi, les cultures telles que le niébé, sésame, haricot mungo, pois d'Angole, kénaf, gombo, tomate et le melon ; ne doivent pas être des cultures intercalaires avec l'igname. La préférence doit être donnée au maïs, l'arachide, le piment, les épinards indiens ou le sorgho...

Aussi, la bonne densité, le semis à la bonne date peuvent freiner l’évolution de certains ennemis de la culture.





Bonnes pratiques des activités d’entretien



En ce qui concerne ce levier, le contrôle des mauvaises herbes demeure une règle. De ce fait, il faut absolument extirper les adventices hôtes à l’exemple d’Eupatorium, de Synedrella et de Chromolaena.

En outre, le tuteurage est important. En effet, l’enroulement de l'igname sur des tuteurs immédiatement après la levée ; freinerait le développement de certains ennemis de cette culture.

Le travail soigné en matière de sarclage, est exigé afin de ne pas occasionner des lésions aux racines.





La manipulation de l’igname pendant et après la récoltes



Il faut noter que les blessures et lésions occasionnées aux tubercules lors du sarclage, de la récolte et des manipulations post-récoltes peuvent être évitées afin de ne pas offrir aux pathogènes des voies d'accès aux tissus des tubercules.

La plantation des ignames se faisant généralement à partir de fragments ou de semenceaux ; ainsi, l'état de ces derniers détermine celui des plants au champ ; qui, à son tour, détermine la durée de vie des tubercules en stock.

En ce qui concerne le stockage, lire nos informations ( La récolte de l’igname: choisir les bonnes méthodes de conservation de l’igname ).

Enfin, il faut éliminer les débris de culture pour réduire les populations de nématodes dans le sol.















Pour Talkag, les efforts de lutte intégrée contre les maladies et ravageurs de l'igname devraient se concentrer sur l'amélioration de la qualité des semenceaux et celle des techniques de stockage. Ceci permettrait d’assurer les rendements plus élevés et plus stables ; augmenter la durée de vie des tubercules stockés et améliorer les caractéristiques nutritionnelles, commerciales.







#Conseil_agronomiques #Igname #Luttes_agronomiques #Nématodes


          IDENTIFIER ET LUTTER CONTRE LES NÉMATODES PARASITES DE L'IGNAME