L’igname (Dioscorea spp) joue un rôle de plus en plus fondamental en matière de sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne. Si aujourd’hui la production de ce tubercule augmente ; cela tient du fait que l'espace cultivable est aussi croissant. Mais, un problème subsiste ; celui de la disponibilité des semenceaux d’igname, tant en quantité qu’en qualité. Comment produire ces semences indépendamment des récoltes ?
Méthodes de production de semenceaux d’igname
La demande en semences d’igname est galopante. Ceci dit, il est nécessaire de trouver un système adéquat pour la production de semenceaux indépendamment des récoltes, en vue d'accroître la productivité.
Production traditionnelle
Traditionnellement, la multiplication de l’igname s’effectue par voie végétative. La plante naît d’un fragment de tubercule appelé bouture ou semenceau mis en terre à la plantation. En effet, les ignames sont fructifiées en plantant des tubercules entiers ou des morceaux de plus de 200 g. Cette méthode ne concerne que les variétés précoces généralement récoltées avant le mois de septembre ; ceci permet la formation des semenceaux (tête d’igname dans ce cas) avant la fin des pluies.
Tout de même cette pratique présente des inconvénients ; dont l’un d’eux est le caractère très limité du coefficient de multiplication. Aussi, des tubercules produits doivent-ils être conservés en vue de la plantation suivante ; une tâche souvent périlleuse. L’on peut aussi noter l’existence d’une hétérogénéité de germination au niveau du tubercule.
Opter pour la technique de mini-fragments ou minissetts
D'abord, cette technique consiste à produire des semenceaux pour la production d’igname en utilisant des fragments de 25-50 grammes d’ignames (chacun d’eux ayant une portion de l’épiderme qui est le point de départ de la germination) qui sont traités dans une solution contenant de la cendre de bois et un fongicide.
Maintenant, l’étape de pré-germination est désuète ; ainsi, les mini-fragments d’un poids minimum de 50 g sont directement plantés sur des planches à une profondeur de 5 à 7 cm. Rappelons que, la fragmentation a lieu après sélection des tubercules propres et sains (pesant de 500 à 1000 g) ; deux à trois mois après la récolte, c’est-à-dire la levée de la dormance.
L’opération de plantation tient compte des parties du tubercule (tête, milieu, queue) dont est issu chaque fragment ; afin d’assurer l’homogénéité de la levée.
Cette méthode de multiplication de semence d’igname sépare la production semencière de la production consommable. La technique accroît aussi la qualité des semences au niveau du matériel végétal traditionnel. Le coefficient multiplicateur est élevé. Cependant, pour cette technique, il peut survenir des mauvaises repousses et une sensibilité au stress d’humidité dans le sol. Selon le résultat de certains tests, la variété Dioscorea alata s'adapte mieux à la technique contrairement à celle de Dioscorea cayenensis.
Technique de sevrage des plantes et repiquages successifs du tubercule
Ici l’on entend par sevrage, l’opération qui consiste à séparer la plante fille du tubercule-mère suivi de la transplantation de celui-ci. L’époque optimale pour le premier sevrage se situerait aux environs de la sixième semaine après plantation de tubercule à dormance précoce.
L'opération permet une levée de la dominance du bourgeon apical de la plante-fille sur les sites de néoformation latents dans les assises corticales profondes de la semence. Le nombre de repiquages s'accroît avec le poids du tubercule.
La méthode permet d'accroître la multiplication végétative à partir de l'utilisation des réserves d’un même tubercule et de sa capacité de néoformation de bourgeons. Elle est difficilement applicable en culture industrielle.
Aussi, des expériences montres qu'avec cette technique, au cours des plantations successives ; la production individuelle des plantes sevrées et non sevrées diminue progressivement en raison de l’effet conjoint des facteurs du climat et du vieillissement du tubercule. En outre, à partir du 3ème égermage la croissance en longueur des germes diminue par rapport à celle des germes issus de la première germination.
Bulbilles utilisées comme semenceaux d'igname
Cette technique n’est pas adaptée à toutes les variétés. Les bulbilles sont aussi appelées tubercules aériens.
La grande difficulté liée à l’utilisation des bulbilles comme semence est due au fait que cette utilisation n’est régulière que chez Dioscorea bulbifera où elles peuvent être les seuls éléments tubérisés et chez certains cultivars de Dioscorea opposita
Quoi qu’il en soit, dans la filière igname, la problématique du manque de semences constitue l’un des freins ; même si la baisse de rendements en général observée peut aussi être liée au retard de pluie conduisant au retard de transplantation des semenceaux d’igname affectant ainsi leur cycle de production. À côté de ces trois méthodes de production de semenceaux l’on pourra citer aussi la multiplication par culture In vitro et le bouturage in vivo des tiges aériennes d’igname. Il demeure que la production des semenceaux a besoin d'une nouvelle dynamique.
#Talkag #Semences #Semenceaux #Igname