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Traore Phénix Mensah

L’ÉCOBUAGE : INTÉRÊTS ET LIMITES DE LA PRATIQUE

L’écobuage est une vieille pratique de préparation de terres généralement incultes depuis longtemps en vue de leur mise en culture. En effet, il est expliqué comme étant une technique permettant d’améliorer durablement la productivité avec un minimum d’intrants. Il est aussi utilisé dans le pastoralisme. La pratique est de moins en moins pratiquée de nos jours. Ainsi, on la rencontre par endroit sous d’autres formes. Il est question d'identifier l’intérêt et les limites de la pratique, afin d'encourager ou non son maintien.









Généralité sur l’écobuage



La pratique de l’écobuage sous d’autres cieux est conçue comme une alternative dans le cas de faible accès aux engrais ; pour une agriculture visant à minimiser les investissements financiers. Sa préparation se fait durant la saison sèche et ne demande pas de matériel particulier. Ce n’est que la sollicitation de main d'œuvre ; ou si la biomasse doit être achetée ou transportée sur de longues distances ; que l’écobuage exige un investissement financier.

Alors, la pratique est réalisée généralement par le brûlage des végétaux enfouis sous une mince couche de terre rassemblée en billons ou en buttes. Alors, on ne recourt à l'écobuage que faute de ne pouvoir obtenir, par d'autres moyens, la possibilité d'une culture de rapport satisfaisant. Il peut se pratiquer aussi en partant de terres incultes, incultivables et non couvertes de végétation.

Ainsi, il est en particulier recommandable sur des sols où la matière organique a une évolution lente, due à l'acidité, à la présence fréquente d'allophanes, aux faibles températures (cas des hautes terres) et/ou d'hydromorphie (comme dans les rizières mal drainées).

La technique de l'écobuage est souvent confondue à l’essartage (qui concerne un défrichement forestier), au brûlis et au feu pastoral. En outre, la technique est nécessaire au pastoralisme, du fait qu’il constitue une défense rapide et peu coûteuse contre l’embroussaillement.







Intérêt pratique de l’écobuage



D’abord, il a pour objectif d'éliminer les broussailles et les résidus végétaux secs qui occupent l'espace, rendant difficile l'établissement d’une culture et ralentissent le démarrage des plantes herbacées. À cet effet, il constitue un moyen de débroussaillement.

Ensuite, il est une technique de réactivation des terres incultes. Effectivement, l’écobuage permet d’une part l'oxydation de la matière organique acide ; piège des éléments nutritifs ; accélère la minéralisation et la libération des éléments nutritifs (en particulier : Ca, Mg, K). Il libère de grandes quantités de phosphore assimilable, précédemment lié à la matière organique et fixé par l'aluminium ; il facilite la remontée du pH.

D’autre part, il participe à la réduction du stock d'adventices dans le sol brûlé ; favorise un bon enracinement des plantes qui profitent du travail du sol en profondeur.

Il participe au maintien des paysages ouverts et de la biodiversité associée et joue un rôle dans la protection des forêts contre l’incendie, en limitant les zones de départ de feu et en créant des coupures de combustible. Rappelons que son effet est marqué pendant plusieurs années et associé à une fertilisation minérale. Après écobuage, il faut pratiquer des systèmes de semis direct avec un fort retour de biomasse pour reconstituer cette matière organique brûlée.







Les limites de l’écobuage



La pratique de l’écobuage, non seulement exige un travail très important (Coûteuse en main d'œuvre), un certain savoir-faire, et nécessite une forte biomasse à brûler ; mais aussi elle n’est pas sans dommage pour l’environnement.

En effet, d’une part, la pratique affecte la qualité de l'air (pollution par émission de dioxines et de particules fines) ; entrave la protection et le repeuplement du gibier ; son abus peut favoriser un déséquilibre biologique ; mal utilisé, il dégrade les sols. D'autre part, elle peut être dangereuse, car susceptible de dégénérer en incendie. Aussi, mené dans un but pastoral, l'écobuage recèle un risque de pollution organique de la viande et du lait. À ce sujet, il est recommandé de laisser un laps de temps après la repousse de l’herbe avant de faire paître le bétail. En voilà des contraintes qui peuvent en limiter l'application. Aujourd’hui, les écobuages sont de plus en plus réalisés à but agricole et sont très réglementés.









Somme toute, plusieurs aspects d’exécution de l’écobuage, portent en eux les raisons de la rupture avec celui-ci. Ainsi l’écobuage est interdit ou réglementé dans certaines régions du globe en raison de ses méfaits et pour limiter les abus. Au vu de l'intérêt d'une pratique raisonnée de l'écobuage, ce serait bien de trouver le moyen de l’exécuter dans des conditions de sécurité améliorées. Vu les risques ; y a- t-il des intérêts fondamentaux qui concourent au maintien de la pratique de l’écobuage, en dehors de ceux généralement évoqués ?



source de l'image fontrieu.fr



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