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Emart Gilbert

LES DIFFICULTÉS ÉPROUVÉES PAR LA FRANCE DANS SA CONVERSION AU BIO

L'ambition du gouvernement français était de passer de 6,5% à 15% de surfaces agricoles en bio au cours du quinquennat. Toutefois, les objectifs poursuivis par ce gouvernement n’ont pas été atteints et ce pour diverses raisons. Quelles raisons expliquent cet échec de conversion en agriculture biologique de la France ?



Des contraintes psychologiques



L’agriculture de conservation primée après la deuxième guerre mondiale pour permettre de nourrir une grande population a montré qu’elle a encore de beaux jours devant elle. Il s’agit d’une agriculture qui utilise les produits phytosanitaires pour produire en grande quantité. Certains agriculteurs estiment que pour que la France puisse retrouver sa souveraineté alimentaire, ce sera grâce à l’agriculture de conservation ; une agriculture jugée moins respectueuse de l’environnement et de la vie du sol. Toutefois, sa production de masse ne permet pas de voir le bio prendre le pas car, l’agriculture biologique est ne permet pas de produire en grande quantité. Des efforts restent à faire alors pour changer les mentalités.



Des contraintes techniques



Passer au bio, c’est bien mais, les moyens techniques doivent suivre. Mettre de côté les pesticides aux profits des machines agricoles pour le désherbage. Pour passer au bio, il faut réinventer les modes de productions et appliquer les nouvelles méthodes de travail. Cependant, sans aucune bonne recette, ce sera voué à l’échec. La filière bio n’est pas avancée sur la recherche et le développement. Un gros travail reste à faire sur les variétés, les rotations de cultures, les interactions entre les plantes, etc. Un manque d’innovation qui laisse les agriculteurs bio dans une certaine fragilité surtout face aux aléas climatiques ou environnementaux. Divers acteurs de terrain, comme les chambres d'agriculture ou les Civam, des collectifs ruraux de transition agro-écologique, apportent déjà un soutien technique lors des conversions. Mais le plus important est de constituer un réel réseau de proximité d’agriculteurs bio.



Une faible conversion au bio malgré des efforts financiers consentis



Il faut noter quand même que dans la majorité des cas, malgré des rendements en baisse et des besoins accrus en main-d'œuvre, basculer vers l'agriculture biologique est bénéfique pour les exploitants. En août 2020, une note de France Stratégie a conclu à "un gain économique" par rapport aux exploitations conventionnelles. Deux raisons principales expliquent cette prouesse : les agriculteurs font des économies d'achats d'engrais et de produits phytosanitaires et ils vendent leur production à un prix plus élevé. De plus, durant les cinq premières années, des aides publiques à la conversion visent à compenser les faibles prix de vente, qui restent indexés sur le conventionnel le temps de la conversion avant l'obtention du label AB, et les coûts d'adaptation des exploitations. Malgré ces belles promesses économiques, le total des nouvelles surfaces entrant en conversion chaque année stagne depuis 2016. Toutefois, avec ou sans aides, il est compliqué de passer en bio tant les espaces culturaux disponibles pour ce type d’agriculture sont faibles. Cela reviendrait donc à l’agriculteur de réduire sa production. Passer en agriculture biologique demanderait d’énormes sacrifices financiers. L’agriculture biologique coûte chère.



Contraintes commerciales



Il est bien de penser à produire bio. Mais il est encore mieux de trouver un circuit de distribution pour mieux écouler sa production. Si la demande ne suit pas l’offre de produits bio disponibles, cela pourrait entraîner une chute des cours et remettre en cause le modèle économique de l'agriculture biologique. La concurrence des produits bio des pays étrangers où la main-d'œuvre coûte moins cher qu'en France est aussi une source de préoccupation. Pour réduire la dépendance des agriculteurs bio aux prix du marché, le rapport sénatorial rendu en 2020 réclame "un système de soutien public plus adapté à la rémunération des services environnementaux des agriculteurs". Il ne s'agit plus seulement de verser des aides pour compenser les coûts de conversion, mais aussi de rémunérer les exploitants pour le "bien public engendré par le bio".



En définitive, il faut retenir que la France a de beaux jours devant elle pour arriver à faire passer un grand nombre d’agriculteurs en bio. Des efforts sont consentis pour cela et même si ils sont freinés par certaines difficultés, il convient néanmoins de souligner que le bio aura sa place dans l’agriculture française.



#Agriculture_biologique



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