En 2006, un rapport de la FAO a révélé que l’élevage dans son ensemble produisait une quantité importante de gaz à effet de serre (GES), environ 18 % des émissions d'origine humaine. En France, l’agriculture représente environ 20 % des GES et l’élevage bovins viande y contribue pour environ 5 %. Toutefois, on estime qu’un tiers des émissions est compensé par le stockage carbone des haies et prairies. De plus en plus pointés du doigt, les secteurs de l’élevage se mobilisent afin de réduire son empreinte carbone. Comment réduire l’impact de la production de lait et de viande sur le réchauffement climatique ?
Pourquoi les élevages doivent-ils réduire leur empreinte carbone ?
Les tendances actuelles, accompagnées de la pression sociétale et politique, imposent aux éleveurs de prendre des dispositions visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. En effet, les consommateurs devenant de plus en plus sensibles à l’impact de l’activité humaine et animale sur l’environnement, chaque élevage est amené à revoir ses émissions. A la longue, les consommateurs iront vers plus d’achats responsables garantissant un faible impact sur l’environnement. Cette nouvelle notion qui à première vue peut s’apparenter à une contrainte peut se transformer en réelle opportunité pour les agriculteurs. Elle peut devenir un point fort pour développer une filière durable.
Réduire ses émissions de méthane
L’empreinte carbone nette de l’élevage laitier est obtenue en soustrayant des émissions brutes de gaz à effet de serre (GES), le carbone stocké dans le sol par les cultures. Pour améliorer leur empreinte carbone nette, les exploitants peuvent donc agir d’une part sur la réduction des émissions qui sont liées à l’animal lui-même, à l’assolement, à l’achat d’intrants et à la consommation d’énergie et d’autre part sur le stockage de carbone. Les GES émis, exprimés en équivalent CO2, sont de 3 types : le méthane (CH4 ) émis par la rumination ou les déjections, le protoxyde d’azote (N2O) issu des déjections et des engrais minéraux, ainsi que le dioxyde de carbone (CO2 ) émis par les consommations d’énergie (carburant, électricité).
Le méthane représente à lui seul, environ 60 % des GES émis par l’élevage. Il est produit par l’animal lui-même et émis dans l’atmosphère via la rumination et le stockage des déjections. Pour diminuer les émissions de méthane, il faut donc agir sur la conduite du troupeau pour une production performante. En d’autres termes, il faut limiter le nombre d’animaux dits improductifs, c’est-à-dire coûteux à nourrir et qui ne produisent ni lait ni viande. Il faut donc éviter : d’élever des animaux avec des problèmes de santé ; d’avoir un âge au vêlage des génisses trop élevé, donc l’optimiser (objectif 24 à 26 mois atteignable dans plus de 50 % des systèmes bretons) ; et tout déséquilibre alimentaire qui aurait un effet négatif sur la production laitière.
Le stockage du carbone, un atout indéniable
Le stockage de carbone est conséquent lorsque les cultures restent en place plusieurs années comme avec les prairies à base de graminées et/ou légumineuses ou via les haies. Le stockage de carbone permet de compenser en moyenne 13 % des émissions brutes de GES dans les systèmes bretons. Ce stockage de carbone dans le sol est favorisé par le maintien pluriannuel de cultures telles que les prairies ou via les haies. Dans le référentiel actuel, une prairie stocke 570 kg de carbone dans le sol chaque année. En revanche, l’enchaînement de cultures annuelles déstocke 160 kg de carbone par hectare et par an et le retournement d’une prairie déstocke 950 kg de carbone.
Afin d’augmenter le stockage de carbone mais également pour de nombreux autres atouts agronomiques et économiques, il est nécessaire d’intégrer les cultures annuelles en rotation avec des prairies pluriannuelles. Le stockage de carbone sera positif si la prairie est implantée au moins deux tiers du temps total de la rotation (ex : 4 ans de prairies sur 6 ans de rotation). En prime, les prairies permettront d’améliorer l’autonomie protéique et donc d’acheter moins de concentré azoté. Pour stocker du carbone, on peut aussi miser sur le linéaire de haies qui permet en outre de protéger du vent et d’éviter la propagation des spores fongiques limitant ainsi les maladies sur les cultures. Cent mètres linéaires de haies stockent 125 kg de carbone par an. En conséquence, une haie doit être taillée mais pas dessouchée pour éviter le rejet du carbone dans l’air.
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