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Bonnet Aurélien

SENSIBILITÉ DES SYSTÈMES FOURRAGERS ET DE L’ÉLEVAGE DES HERBIVORES FACE À LA SÉCHERESSE

Par rapport aux systèmes de cultures annuelles, pour lesquels on peut considérer que les aléas d’années sèches défavorables peuvent être compensés par les "bonnes" années et pour lesquels la production moyenne a un sens, les systèmes d’élevage, qui doivent assurer, à tout moment de l’année, une adéquation entre l’offre en fourrage et la demande alimentaire du troupeau, doivent mettre en œuvre des stratégies d’adaptation beaucoup plus coûteuses pour faire face à ces mêmes aléas. Dans beaucoup de régions et de systèmes d’élevage, la base de l’alimentation est la production d’herbe au pâturage. Les systèmes d’élevage basés sur l’exploitation de l’herbe sont donc directement dépendant des effets du climat qui déterminent à la fois la croissance de l’herbe au pâturage et la constitution des stocks fourragers.





La variabilité de la production des prairies en fonction du climat



La forte dépendance des systèmes d’élevage basés sur l’exploitation de l’herbe vis-à-vis du climat donne lieu à des estimations très attendues, surtout quant à sa variabilité interannuelle, qui peut remettre en cause l'équilibre des exploitations d'élevage, où la fourniture de fourrages doit être continue. Les estimations classiques sont le résultat d'avis d'experts, se déplaçant sur le terrain, avec les risques de subjectivité que cela entraîne et la difficulté d'intégration spatiale sûre, mais aussi une connaissance des événements qui empêche des estimations farfelues, et permet la prise en compte de certains accidents climatiques rares ou localisés. Les modèles permettant d'estimer la production des prairies sont nombreux. LINGRA et PASIM, pour citer 2 exemples européens, sont particulièrement adaptés à la simulation de pousses courtes, car ils sont calés et validés dans des conditions de coupes nombreuses, qui excluent l'existence de sénescence.





Les dégâts de la sécheresse sur les prairies naturelles et de longue durée



Outre ses effets sur la production fourragère, la sécheresse est susceptible d’engendrer des changements importants de composition botanique dans les prairies naturelles, mais aussi dans les prairies semées de longue durée. Dans de nombreuses situations, les capacités de régénération ont été remarquables dès le retour des pluies à l’automne. Toutefois, des exceptions notables ont été observées lorsqu’un surpâturage avait eu lieu avant la sécheresse. La capacité de régénération est très différente selon les espèces composant la prairie. Le ray grass anglais, la fétuque élevée et le dactyle ont montré une bonne aptitude à redémarrer après une longue période de dormance. D’autres espèces sont apparues plus sensibles. Des graminées médiocres (agrostis) ou des plantes diverses (achillée millefeuille, capselle, chénopode, amarante…) peuvent se développer en profitant des trous consécutifs à la mortalité de certaines plantes. Ce genre de constat est fait de manière récurrente après chaque épisode de sécheresse. La presse agricole fait mention de dégradations de prairies. Le plus souvent elle formule des recommandations pour ressemer ou sursemer. Il est ainsi proposé de : ne pas pâturer immédiatement la prairie si un reverdissement généralisé est observé à l’automne ; regarnir les trous par un sursemis lorsque les plantes qui reverdissent sont dispersées ; ressemer la prairie par retournement ou semis direct si une proportion importante de plantes diverses est observée. Il est à noter que peu de conseils sont donnés sur les conduites à mettre en œuvre pour éviter de tels dégâts.





La sécheresse chez les herbivores



De tout temps, parmi les fléaux climatiques, la canicule est la principale ennemie des herbivores des zones tempérées et la sécheresse celle des éleveurs d’herbivores. Ces sécheresses au fil des années ont une fréquence et une gravité plus importantes. Cependant, elles prennent des ampleurs différentes selon les zones naturelles et des formes différentes selon leur intensité au cours de la campagne. La pire des sécheresses pour l’éleveur d’herbivores est celle qui s’accroît au fil de la saison : elle sévit dès le début du printemps, elle peut être renforcée ensuite par des gelées tardives ou des vents froids assez desséchants et enfin durant la période estivale se traduire par un manque accru de précipitations et des températures élevées, pénalisant les repousses d’automne.



C’est au printemps et dans la première moitié de l’été que la croissance maximum des diverses plantes fourragères permet à tous les animaux d’avoir une production maximum au coût le plus bas, qu’il s’agisse de la production laitière, du croît des animaux d’élevage ou de la finition à l’herbe ou de la reconstitution des réserves corporelles des mères allaitantes. Cela permet aux éleveurs de récolter la majeure partie des réserves fourragères pour l’hiver suivant, en particulier dans les zones à dominante herbagère. Pour faire face à une pénurie de ressources végétatives et combler le déficit pour l’hiver, il convient de préciser l’effet de la sécheresse sur la valeur alimentaire des fourrages et de connaître celle de ressources alimentaires de complément à cette pénurie.



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