La Côte d'Ivoire est le deuxième producteur africain d'huile de palme. Elle alimente un marché ouest-africain déficitaire. Et elle entend tripler sa production sans aggraver la déforestation. Mais il faut dire que la filière huile de palme de Côte d'Ivoire fait face au double défi du marché croissant et du 'bashing'
Au Salon international de l'agriculture à Paris (SIA 2020, l'avenir de la filière huile de palme en Côte d'Ivoire a été longuement évoquée lors d'un atelier organisé par la Fondation FARM. Il a été question de deux défis majeurs, entre autres: comment parvenir à capter tout le potentiel que représente des marchés national et régional croissants, en contrant les importations ; comment s'assurer que ce marché ouest africain ne sera pas sensible à la violente campagne anti huile de palme menée au plan international depuis des années, alors que le dossier de la déforestation dans ce pays se trouve au dessus de la pile. Il faut remarquer que l'Afrique de l'Ouest est déficitaire en huile de palme et elle doit en importer d'Asie. 75 % de la production ivoirienne est consommée dans le pays, le reste est exporté vers les pays ouest-africains voisins et la demande africaine augmenterait de 50% d'ici 2030. L'autre enjeu, c'est pérenniser une filière qui représente 2% du PIB ivoirien, fait vivre directement ou indirectement 10% de la population soit 2 millions de personnes, représente une activité de transformation majeure soit en huile rouge (1ère transformation), soit en huile raffinée (2ème transformation). Aux côtés des grandes sociétés industrielles comme Sifca, l'interprofession compte 40 000 petits planteurs, et plus de 21 000 employés dans la première et la deuxième transformation. Selon Jean-Louis Kodo, président de l'Association interprofessionnelle du palmier à huile (AIPH), la Côte d'Ivoire n'importe que 11% de sa consommation mais ses exportations ont bondi de 133% entre 2007/08 et 2017/18, à 219 000 t cette année là. Le Nigeria, qui produit le double de la Côte d'Ivoire, importe 900 000 t d'huile de palme. Pour accroître la production, contrairement à d'autres productions, il s’avère difficile de jouer sur l'amélioration organisationnelle entre producteurs de la filière qui a fait ses preuves et dont l'AIPH est le point angulaire. La carte maîtresse à jouer est d'accroître les rendements des petits planteurs, aujourd'hui de l'ordre de 4,5 t/ha voire de 7 t/ha si on tient compte de l'autoconsommation et des ventes sur le marché informe. Un rendement de 3 à 5 fois inférieur à ceux en Asie, selon l'AIPH. La productivité des petits planteurs ivoiriens est la seule variable d'ajustement pour accroître la production en Côte d'Ivoire puisque les plantations industrielles sont à leur productivité maximale et qu'il n'est pas question d'accroître les superficies en coupant des forêts. Malgré cette campagne internationale virulente contre l'huile de palme, les responsables de l'AIPH déclarent ne pas avoir constaté de fléchissement de la consommation nationale ou régionale. Avec la démographie galopante et l’augmentation du pouvoir d’achat en Afrique, l’huile de palme a de l’avenir. La filière ivoirienne du palmier à huile a profité du salon de l'Agriculture à Paris pour demander un soutien accru des chercheurs du CIRAD pour tous ces défis techniques, ainsi que le soutien financier de l'Agence française de développement.
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SOURCE:
www.commodafrica.com