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Bonnet Aurélien

LE GLYPHOSATE, LA RAISON DU BOYCOTT DES ITALIENS AU BLÉ CANADIEN

Pour lutter contre les mauvaises herbes dans les champs de blé au Canada, les agriculteurs ont pris l'habitude de pulvériser du glyphosate depuis plusieurs années. Il est le plus souvent utilisé dans l’Ouest canadien, les quelques jours précédents la récolte. Cela soulève beaucoup de questions auprès de certains acheteurs européens, notamment chez les Italiens. Ces derniers qui, pourtant apprécient cette céréale pour sa haute teneur en protéines. L’Italie était un grand importateur du blé Canadien. Aujourd’hui c’est plus vraiment cas pour la simple raison qu'ils craignent des effets néfastes sur leur santé dans le long terme, découlant de l’utilisation du glyphosate pour cette céréale.





Les raisons de l’utilisation du glyphosate dans la culture du blé canadien



Le glyphosate est un désherbant utile pour la destruction des adventices ou des plantes qui poussent dans des endroits peu propices. Il agit comme un bloquant de la chaîne de synthèse des précurseurs d’acides aminés essentiels pour le fonctionnement de la plante.

Le glyphosate s'utilise dans l’Ouest canadien comme un désherbant total sur le blé avant la récolte. Un rapport de la Radio-Canada en dit long sur la pratique. Elle permet, selon les acteurs d’éviter que les mauvaises herbes ne coincent dans la machinerie. Selon toujours Radio-Canada, une fois pulvérisé, cet herbicide permet également au blé de mourir. C’est efficace dans la mesure où l’agriculteur n’a plus besoin de le faucher et d’attendre qu’il sèche ; ainsi la récolte se fait à une date bien précise. Cette technique n’est pas du tout approuvée par Santé Canada. Le Ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan, la plus importante province productrice de blé au Canada, estime que, selon les années, jusqu’à 70 % du blé traité en pré récolte.



Une étude, réalisée en 2018, portant sur les traces du glyphosate dans les céréales montre que « sans dépasser les normes, 80 % des échantillons de blé contenaient du glyphosate tout comme 74 % des échantillons d’avoine ». Cette étude montre également qu’il n’y a pas que le blé qui est pulvérisé au glyphosate avant la récolte. Les lentilles, l'orge, l'avoine, les pois, le lin, notamment, le sont également. Face à l'inquiétude des consommateurs italiens, le blé canadien autrefois recherché pour la fabrication de leurs pâtes, se fait de plus en plus délaisser.





Les raisons des italiens de bouder le blé canadien



La question de la présence de glyphosate dans la nourriture s’est posée en Italie. Vous êtes sans savoir que cet herbicide est de plus en plus controversé en Europe. D’un pays à un autre, son utilisation se fait plus ou moins proscrire des cultures. L’Italie est un pays qui a toujours prisé le blé venant de l’Ouest Canadien. C’est même l’un des deux pays plus grands acheteurs du blé canadien. Mais depuis un certain temps, la polémique, selon laquelle l’utilisation du glyphosate dans la culture du blé canadien pour favoriser la maturation artificielle du grain, prend de l’ampleur. Ce qui a poussé en 2017, Grano Salus, à tester les spaghettis des huit plus grandes marques de pâtes italiennes pour savoir si on y trouve des résidus de glyphosate. Il s’avérait qu’ils en contenaient tous, mais toujours à un seuil inférieur des limites permises.



Ces résultats n’ont guère rassurer les italiens, qui ont systématiquement baissé les exportations du blé Canadien. D’environ un million de tonnes par an en moyenne, les exportations canadiennes de blé dur vers l’Italie sont passées en 2018 à 291 000 tonnes, une baisse de plus de 70 %. La raison est toute simple. Face aux inquiétudes des consommateurs, Barilla (premier producteur de pâtes au monde) a revu ses propres limites de glyphosate, les faisant passer de 10 ppm, la norme en Italie, à 0,1 ppm. C'est disons 100 fois moins. Pour M. Ganazolli, vice-président des achats chez Barilla, les producteurs canadiens ne sont pas en mesure de satisfaire cette exigence.





Le glyphosate peut-il être éliminé de l'agriculture ?



De nos jours, l’agriculture industrielle dépend beaucoup du glyphosate. Pour Marc Lucotte, professeur-chercheur à l'Institut des sciences de l'environnement de l’UQAM, il serait donc difficile de l'éliminer complètement du jour au lendemain. Retirer cet herbicide à court terme donnera lieu à un retour à des herbicides beaucoup plus toxiques, comme l’atrazine. Son usage, selon plusieurs chercheurs doit plutôt être mieux encadrer.



Plusieurs voix s’élèvent au Canada pour empêcher l’utilisation du glyphosate en pré récolte. D’aucuns sont favorables à son utilisation juste avant la récolte. Dans l’Ouest canadien, les associations agricoles militent pour que l’herbicide s'applique dans le respect de l’étiquette du produit. Ces différentes actions entreprises ont permis un petit regain du secteur céréalier. Les exportations vers l’Italie ont repris depuis septembre 2018 mais à un niveau plus bas que d’habitude.





La digitalisation de l’agriculture est bien un fait réel. Le monde agricole évolue en flèche grâce aux nouvelles technologies. Talkag est une plateforme dédiée aux agriculteurs. C’est un site qui promeut l’échange des techniques agricoles, des conseils agricoles sur l’utilisation des phytos dans les cultures. De part le monde, les agriculteurs peuvent être en relation pour débattre de toutes les thématiques, y compris celle concernant l’utilisation ou pas du glyphosate dans les céréales.



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