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Traore Phénix Mensah

LES PRÉMISSES POUR RÉUSSIR LA CULTURE DE L’IGNAME DANS LES RÉGIONS PRODUCTRICES D’AFRIQUE TROPICALE

La culture de l’igname (Dioscorea spp.) est prépondérante en Afrique subsaharienne (Nigeria, Togo, Bénin, Ghana, Côte-d’Ivoire etc…). Une production qui se concentre principalement (plus de 93 % de la production mondiale) dans les savanes entourant le Golfe de Guinée. Le rôle capital que joue cette culture dans la lutte pour la sécurité alimentaire est incontestable. À l’orée de la nouvelle saison à venir, TalkAg se propose de passer en revu les conditions quasi sine qua non sur lesquelles doit se baser l’agriculteur pour l’implantation de son champ d’igname.







BIEN À SAVOIR SUR LA CULTURE DE L’IGNAME



L’igname joue un rôle très important dans la sécurité alimentaire d’au moins 60 millions de personnes. Le Nigeria est, de loin, le premier pays producteur d’igname au monde ( environ 70% de la production mondiale).



Bien qu’en Afrique, la zone de production d’igname se focalise dans les pays côtiers du Golfe de Guinée ; sa culture s’étend ces dernières années vers les zones tropicales humides d’Afrique centrale (Cameroun, République Centrafricaine, Tchad, Gabon) et aussi à Madagascar.



Même s’il est connu que la plupart des espèces d’ignames se retrouvent dans les zones intertropicales ; il faut quand même souligner que Dioscorea spp. se cultive également en zone tempérée à l’instar de l’Argentine, de la France et du Japon.

La croissance de la production de l’igname a été phénoménale cette dernière décennie. Ceci s’explique par l’augmentation des surfaces cultivables.







BOTANIQUE DE L’IGNAME



Appartenant à la catégorie des cormophytes ; les ignames se classent parmi les monocotylédones. Lianescents et vivaces, ce sont des plantes herbacées, grimpantes, à tige volubile, ou épineuse, de section cylindrique ou anguleuse qui comporte une partie vivace, souterraine ou non et une partie caduque, aérienne, amincie. Leurs feuilles sont alternées ou opposées, glabres, cordiformes. Les tubercules qui se forment constituent la partie comestible de la plante. Ils sont cylindriques, sphériques ou lobulés, de couleur brune. Leur chair est blanche, jaune ou rougeâtre.



Parmi tant d’autres espèces l’on peut énumérer Dioscorea rotundata, Dioscorea alata, Dioscorea cayenensis, Dioscorea dumetorum, Dioscorea bulbifera, Dioscorea japonica thunb, Dioscorea opposita et Dioscorea communis. L’on note aussi l’existence des variétés précoces et celles à cycle long.







CONDITIONS AGRO-CLIMATIQUES DE LA CULTURE DE L’IGNAME





Température et photopériodisme



L’igname se développe bien dans l’intervalle de à 1500 m d’altitude. La limite de la forêt tropicale et de la savane constitue le milieu le plus favorable pour sa culture. Elle nécessite des températures élevées (une moyenne de 23 à 30°C). Néanmoins, en ce qui concerne l’exigence thermique, il existe des exceptions. Ainsi, les cultivars tel que Dioscorea japonica thunb, Dioscorea opposita et Dioscorea communis n’ont pas du mal à germer en dessous de 20°C.



La photopériode influence la croissance des tubercules. Alors, la tubérisation est favorisée quand les jours sont courts (environ 12 heures) ; le développement de la partie aérienne est favorisé quand les jours sont de plus de 12 heures.





Conditions hydriques



Côté hydrique, la plante a besoin d’une pluviométrie supérieure à 1500 mm. Le meilleur développement s’obtient dans les zones ayant une saison pluvieuse d’au moins cinq mois. En effet, durant la saison de culture, l’igname a donc besoin d’une importante quantité d’eau. Tout de même, il est possible de produire l’igname avec une pluviométrie d’environ 600 mm ; sauf que dans ces conditions, le rendement net reste faible et il est improbable de réaliser deux récoltes.



En outre, l’espèce Dioscorea cayenensis ; une variété précoce, fait partie des cultivars exigeant en eau. Elle est susceptible de supporter une pluviométrie de près de 3000 mm. Durant son cycle, l’igname peut tolérer de courtes périodes de stress hydrique, avec de grandes différences variétales. Une tolérance qui n'est pas sans conséquence; puisqu’elle peut entraîner la réduction du rendement.





Conditions édaphiques



Du côté édaphiques, l’igname tolère une large gamme de sols ; mais préfère des sols à texture limono-sableuse ou sablo limoneuse avec une porosité comprise entre 46 et 60 %. La conductivité hydraulique doit être d’environ 15 cm/h ; une densité apparente du sol comprise entre 1,1 et 1,6 g.cm-3 et surtout un sol léger, profond (>0,6 m) et bien drainé.

Concernant la qualité chimique et biologique du sol ; l'on conseille un sol riche en matière organique, en azote, en potasse, en magnésium et en calcium, sans oublier le pH qui doit tourner autour de 5 et 7. En effet, pour un bon développement des tubercules des variété précoces à l’instar de “labako” (Dioscorea rotundata ), il faut des sols meubles, légers et riches en matière organique.



Alors, les sols profonds, perméables et riches en humus sont conseillés. Une jachère naturelle de 05 ans permet au sol de se restaurer pour une bonne production de l’igname.







LE SYSTÈME DE CULTURE DE L’IGNAME





Il est indispensable de savoir comment définir le système de culture où l'on veut installer sa plantation d’igname. Ainsi, l'on pourra se demander dans l’ordre de succession des cultures, quelle place doit occuper la culture d’igname ?



En effet, les Dioscorea spp. occupent la tête de la rotation, quand bien même l’introduction d’une seconde culture d’igname dans la succession culturale est une opération de plus en plus pratiquée. Alors donc, les champs d’igname se mettent en place après le défrichement de jachères relativement longues.



L’igname se produit en culture pure ou en association dans les systèmes de culture pratiqués en Afrique subsaharienne. En ce qui concerne les cultures pouvant s'associer avec l’igname, on a le maïs, le manioc, le sorgho, le gombo, les cucurbitacées et aussi différentes espèces de Dioscorea spp. Le cycle végétatif est de 7 à 9 mois ; mais les travaux nécessaires à la production d’igname s’étalent sur 8 à 12 mois.











Au-delà des conditions climatiques et pédagogiques, les pratiques culturales ont également un effet sur la productivité des ignames. Au nombre de ces pratiques qui peuvent influencer la production des ignames, on note entre autres, le travail du sol, le matériel de plantation, le tuteurage, la fertilisation, l’entretien ; celles-ci feront l'objet de nos prochains articles.



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