Au-delà des mesures agronomiques décrites plus haut qui peuvent efficacement réduire les problèmes d’érosion, certains aménagements sont parfois nécessaires pour empêcher l’érosion en cas de fortes pluies. Ces aménagements sont le plus souvent des dispositifs paysagers qui permettent, quand ils sont bien implantés et en fonction du type d’aménagement retenu, de limiter les volumes de ruissellement et la concentration des eaux, et de mieux maîtriser l’écoulement des eaux à l’échelle du bassin versant. La connaissance précise du terrain et des problèmes rencontrés est un préalable aux choix des aménagements ainsi que de leur localisation. L’action de ces aménagements doit rester préventive. L’organisation spatiale de ces aménagements d’amont vers l’aval est un gage de leur efficacité
La haie basse, la fascine, le clayon et les diguettes végétales : Qu’est ce que c’est ?
La haie est un élément du paysage qui présente en plus de son intérêt écologique, un réel intérêt hydraulique. Elle ralentit les ruissellements, retient les sédiments et les matières actives. Son système racinaire favorise l’infiltration. La haie doit être placée le plus en amont possible dans le bassin versant ainsi que dans les fonds de vallons très plats où l’eau s’étale. La haie a plus d’efficacité si elle est plantée sur un talus ou accompagnée d’un fossé. La haie peut également être couplée à une bande enherbée ou à une fascine en cas d’érosion concentrée.
La fascine est un ouvrage léger qui permet le ralentissement des écoulements et le dépôt des sédiments entraînés. Pour une meilleure efficacité, il est indispensable de créer un réseau de fascines qui se complètent sur un même versant. La fascine doit être placée perpendiculairement à l’axe des talwegs : en mitoyenneté ou inter-parcelle ; dans une même parcelle; et en coin de parcelle afin de retenir la terre et freiner l’eau. Les fascines doivent être taillées régulièrement en fonction de la reprise de la végétation pour ne pas occuper trop d’espace.
Le clayon, quant à lui, sert de barrage lors de phénomènes de ruissellement concentré et de coulées boueuses. C' est un frein hydraulique similaire à une fascine mais de conception différente. Il est placé perpendiculairement à l’axe des talwegs : en mitoyenneté inter parcellaire ; dans une même parcelle ; et en coin de parcelle. Le clayon doit être taillé régulièrement en fonction de la reprise de la végétation pour ne pas occuper trop d’espace.
Les diguettes végétales sont des aménagements d’hydraulique douce qui filtrent et servent de barrage lors de phénomènes de ruissellements concentrés et de coulées boueuses. Elles sont des alternatives aux fascines vivantes dans les terrains drainés. Comme les fascines, les diguettes sont placées perpendiculairement à l’axe des talwegs. Attention tout de même aux nuisibles comme les rats qui peuvent se cacher dans les diguettes et former des galeries.
La bande enherbée, pour limiter les vitesses et les volumes de ruissellement
La bande enherbée constitue une couverture végétale du sol pouvant assurer une grande protection contre l’érosion :
elle permet d’améliorer l’infiltration des eaux de ruissellement grâce au système racinaire des graminées :
elle protège le sol contre l’impact des gouttes de pluies (l’effet splash) grâce au feuillage ;
elle protège le sol contre l’arrachement des particules de terre grâce à l’armature racinaire ;
Elle permet la sédimentation des particules de terre grâce à la rugosité de l’herbe, et donc limite le transfert des sédiments et des polluants vers les cours d’eau.
Pour être efficace, la bande enherbée doit être assez large, et d’autant plus quand les conditions naturelles ne sont pas favorables et quand la surface de la parcelle est grande. Notons qu’elle peut être considérée comme jachère permanente si elle mesure au moins 20 mètres de large et si sa superficie est d’au moins de 30 ares (10 m et 10 ares en bord de rivière).
Les aménagements hydrauliques, il y en a plusieurs. On peut citer : chenal enherbé et noue, un fossé, la mare, la digue et la zone de rétention des ruissellements, etc. Les aménagements généralement proposés sont prévus pour lutter contre les phénomènes chroniques. Ils font partie intégrantes des actions à mettre en œuvre pour lutter contre l’érosion. Au final, on ne retiendra que toutes ces actions permettant de favoriser la biodiversité agricole.
Les actions de lutte contre l’érosion favorisent la biodiversité
La création de haies, bandes enherbées et fascines participe au développement de corridors écologiques dans le cadre de la trame verte et bleue. Les haies jouent un grand rôle dans la préservation de la qualité de l’eau à l’échelle d’un bassin versant mais aussi pour le maintien de la biodiversité (oiseaux, batraciens, mammifères). Il est indispensable que les haies soient composées d’essences locales afin de faciliter leur intégration. Les fascines comme les haies fournissent d’excellents abris pour la petite faune locale. Les fascines vivantes en saule sont des sources de nourriture car le saule est une espèce mellifère. Les bandes enherbées abritent le petit gibier : faisan, perdrix notamment pour la période de couvaison. Les insectes et oiseaux apprécient la biodiversité des haies, fascines et bandes enherbées. Certaines parcelles fortement touchées par l’érosion peuvent être remises en prairie et notamment en prairies mellifères qui accueilleront les abeilles et favoriseront l’apiculture. Les mares permanentes s’intègrent facilement au paysage. Elles peuvent servir pour l’abreuvement du bétail, des mammifères et des oiseaux. Elles ont un réel intérêt cynégétique. Les réseaux de mares constituent une importante source de biodiversité.
Les pratiques culturales n’ont pas seulement un impact sur les rendements des cultures. La mise en place d’interculture et l’amélioration du travail du sol vont accroître sa qualité tant au niveau de la structure que de la vie biologique. Les aménagements les plus efficaces pour lutter contre l'érosion sont à mettre en place lors du remembrement. Un principe général doit être respecté : les aménagements doivent représenter une contrainte minimale pour les exploitants. Ainsi ils seront toujours disposés parallèlement au sens du travail du sol.
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