Bête noire des céréaliers bio, le chardon des champs (Circium arvense) est responsable de grosses pertes de rendement en céréales, notamment sur blé mais aussi sur protéagineux. Sa maîtrise, difficile, fait appel à une combinaison de moyens, préventifs mais aussi curatifs. Avant de combattre les chardons des champs, il s’agit de s’assurer qu’on a bien affaire à cette espèce. Des plantes similaires peuvent en effet être présentes naturellement sous forme de graines dans le sol ou dans le mélange de semences de la jachère.
Généralités
Le chardon des champs est une plante pérenne qui hiverne sous forme de racine et débourre au printemps. Tout dérangement, comme la coupe ou le sarclage, provoque la croissance des bourgeons. Le chardon pousse dans de nombreux types de sol : les conditions optimales pour les chardons sont les sols profonds, argileux et riches en éléments nutritifs avec un bon approvisionnement en eau, et aussi là où ils peuvent avoir accès aux réserves hydriques du sous sol; le chardon des champs se trouve rarement sur sols légers et secs. Le chardon forme des colonies qui s'élargissent avec le temps. Il est très difficile de s'en débarrasser quand celles-ci sont établies. La lutte mécanique contre cette mauvaise herbe est un défi et prend plusieurs années en raison du potentiel de régénération et d'accumulation rapide de réserves dans les racines.
On la trouve généralement dans les prairies, friches, jachères, jardins, bords des chemins et des routes. Au stade de plantule, ses feuilles épineuses et piquantes sont sessiles, alternes et disposées en rosette et ses cotylédons elliptiques, très grands et charnus, sont pourvus d’un très court pétiole. Une fois adulte, le chardon des champs se développe grâce à ses drageons abondants et la tige anguleuse et ramifiée peut atteindre les 150 cm, pourvue de feuilles sessiles et lancéolées et d’épines. La plante est dioïque (plants mâles et femelles séparés) et ses capitules soutiennent des fleurs roses tirant sur le violet, disposées en panicules corymbiformes. Les fruits sont des akènes plumeuses contenant des graines beiges qui se dispersent au vent sur de grandes distances. Le système racinaire est horizontal, pourvu de drageons qui permettent sa multiplication végétative.
Conseils de lutte contre le chardon des champs
On peut lutter contre le chardon à travers trois actions : les mesures préventives, la lutte directe et la lutte chimique.
Les mesures préventives doivent se faire sur des surfaces sans chardons. Elles consistent à : Ne disposer des jachères que sur des terrains sans chardons et ne présentant pas de compactage du sol ; ne prévoir des jachères que si l’on est prêt à investir, au besoin, jusqu’à 30 heures par hectare pour leur entretien ; installer des jachères florales dont les dimensions permettent le traitement annuel plante par plante contre le chardon des champs ; sur de grandes surfaces, préférer les jachères tournantes dont les semences contiennent de la luzerne qui couvre le sol et concurrence le chardon ; bien nettoyer les machines après le travail de surfaces occupées par le chardon des champs pour éviter la propagation des fragments de racines ; empêcher l’ensemencement spontané à partir de surfaces voisines.
En cas de foyers de chardons modestes, il faut couper ou arracher régulièrement les chardons. La période favorable se situe entre mars-mai, alors que les plantes mesurent environ 5-10 cm, pour empêcher le stockage de réserves dans les racines. L'arrachage doit être répété pour épuiser les réserves. Plusieurs années sont nécessaires pour se débarrasser d'un foyer. Il faut également arracher les chardons hauts de 5-30 cm lorsque le terrain est humide. L’arrachage des plantes de plus de 15 cm empêche surtout la fructification. Attention tout de même, arracher les plantes avant la floraison peut augmenter le nombre de rejets, par conditions chaudes, favorables à la pousse.
Au terme de la jachère, il est important de couper en été à 15 cm de profondeur au moyen de la charrue ou du décompacteur à ailettes. Ramener les racines en surface par un hersage répété pour qu’elles s’assèchent. Exploiter la surface en culture ou en herbage. Toujours préférer des céréales ou des prairies artificielles. La couverture végétale dense et la fauche répétée d’une prairie artificielle, tout comme la bonne couverture du sol par les céréales, défavorisent le chardon des champs. Les problèmes avec les chardons surviennent souvent à partir de la 3e année dans les jachères. Dans ces cas, on peut éventuellement mettre fin à la jachère après 4 ou 5 ans. Problèmes plus graves dans des exploitations biologiques : Il faut mettre fin à la jachère en cas de foyers dépassant 25-50 m2 . La remplacer par une prairie artificielle pluriannuelle, la faucher précocement et fréquemment. Sur les terres sarclées, un sarclage répété à 10 cm de profondeur donne les meilleurs résultats. L’utilisation répétée du décompacteur à ailettes, avec un travail à profondeur variable, donne également de bons résultats.
La lutte chimique plante par plante (traitement des foyers) est admise sans autorisation particulière dans les jachères florales et tournantes, lorsque la lutte mécanique n’est raisonnablement pas possible. Le recours aux moyens de lutte chimiques n’est pas admis dans les exploitations biologiques! A noter: lors de la lutte contre le chardon, on doit être conscient de l’énorme étendue du système racinaire d’un foyer de chardons des champs! Même le meilleur herbicide n’en vient pas à bout! Les foyers ne peuvent être vaincus que par une combinaison de divers moyens de lutte appliqués plusieurs fois l’an. Le succès ne s’obtient souvent qu’après plusieurs années. Les moyens chimiques ne permettent pas à eux seuls d’éliminer un foyer de chardons.
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