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Traore Phénix Mensah

LES 8 AVANTAGES DE LA LUTTE BIOLOGIQUE



La lutte biologique présente de nombreux avantages, surtout lorsqu’elle est comparée à la lutte chimique et à ses effets des plus néfastes pour la planète. Certains sont des bénéfices majeurs, alors que d’autres sont plus accessoires, mais ils ont tous leur importance. Pour autant, la lutte biologique n’est pas totalement inoffensive si est mal utilisée, et elle présente des inconvénients, mais ceux-ci sont des écueils dont la plupart peuvent être évités.



LES 3 PRINCIPAUX AVANTAGES DE LA LUTTE BIOLOGIQUE



Un bioagresseur apparaît dans une zone soit parce que ses ennemis naturels s’y sont raréfiés, soit parce qu’il est attiré par une grande quantité de nourriture (monocultures), soit parce qu’il y a été introduit par accident et qu’il n’a pas sur place d’ennemis locaux.



La lutte biologique repose sur l’utilisation des ennemis naturels des agresseurs des cultures pour contrer ces nuisibles. Ces ennemis naturels sont appelés des auxiliaires ou encore des agents de lutte biologique. Ils peuvent appartenir aux insectes prédateurs, aux organismes pathogènes (champignons, bactéries), aux parasites, … Ils ont avec le bioagresseur divers types de relations : de prédation, de parasitisme, de compétition ou encore d’empoisonnement.



On rencontre 2 grands modèles de lutte biologique :



-La lutte classique consiste à introduire une espèce d’agent exotique (généraliste au moins au niveau de la famille ou spécifique à l’agresseur exotique) pour lutter contre un agresseur local ou exotique (la coccinelle asiatique contre les pucerons). Selon les cas on peut inonder la zone à traiter avec une grande quantité d’agents ou seulement introduire une petite quantité d’un agent dans le but qu’il s’acclimate. Dans ce dernier cas de figure (lutte par acclimatation), l’efficacité est totale puisque l’agent va pouvoir combattre durablement le bioagresseur dans la zone. Par contre, s'il n’est pas prévu que l’agent s’installe et que son introduction doit être réalisée à chaque nouvelle invasion de l’agresseur, il s’agit de lutte par inondation (en général ici le but est d’éradiquer totalement le ravageur de la zone donnée).



-La lutte biologique par conservation est une méthode douce. Elle demande une grande connaissance des organismes locaux et vise à améliorer, modifier l’environnement immédiat afin qu’il attire les auxiliaires ennemis des agresseurs possibles.





1 - Limitation des apports de produits polluants



Dans un grand nombre de situations, les agents de lutte biologique peuvent remplacer avantageusement les pesticides, fongicides et autres produits chimiques. D’autant plus que ces produits rencontrent de plus en plus d’interdictions et de classements pénalisants du fait de leurs effets néfastes sur la santé et sur l’environnement, à cause notamment de leur rémanence.





Moins de problèmes de santé pour l’homme



-> Les auxiliaires n’ont pas de toxicité pour la santé humaine.



De nombreux cancers, autres maladies graves comme Parkinson et problèmes de santé variés (certaines substances sont reconnues pour être mutagènes ou reprotoxiques) sont déclenchés par la toxicité des pesticides (glyphosate, malathion, aldrine sont reconnus par le CIRC comme des cancérigènes probables, …)

Les agriculteurs “conventionnels” sont particulièrement touchés mais le sont aussi les habitants des alentours de champs traités ou de cours d’eau pollués, les consommateurs des produits issus de l’agriculture.





Moins de problèmes pour l’environnement



-> Les auxiliaires ne polluent pas.



Les substances actives et non dégradables des produits chimiques tendent à s’accumuler puis à être lessivées lors des précipitations, polluant les nappes phréatiques, les cours d’eau, les sols. On peut assister à une baisse de la biodiversité non seulement tout autour (et dans) les zones traitées et atteintes mais aussi dans des secteurs plus éloignés à cause du transfert par le vent ou l’eau.





Moins de résistance aux produits



-> Ce sont les relations naturelles entre 2 organismes qui sont utilisées dans la lutte biologique.



L’emploi systématique des mêmes molécules pour éliminer un bioagresseur entraîne une résistance de certains de ces agresseurs, à tel point qu’il devient parfois impossible de lutter de manière chimique contre un nuisible : plusieurs espèces d’amarante par exemple sont devenues résistante au glyphosate, comme beaucoup d’indésirables.





2 - Innocuité pour les autres organismes



-> Les auxiliaires sont souvent spécifiques au bioagresseur visé.



Faune et flore sont susceptibles d’être atteintes par les substances actives des produits phytosanitaires. En effet nombre d’entre elles ne sont pas spécifiques et vont toucher d’autres organismes que l’agresseur cible par ingestion/absorption directe.

Les végétaux non ciblés détruits par les herbicides sont nombreux.

Mammifères, oiseaux, amphibiens, poissons peuvent être sensibles à des pesticides.

Un grand nombre d’insectes, notamment les pollinisateurs et les micro-organismes qui vivent dans le sol subissent de plein fouet les épandages et pulvérisations.

Comme conséquence, les prédateurs de cette faune ne trouvent plus de sources de nourriture et sont obligés de migrer ou bien disparaissent. On assiste à un vrai déséquilibre de la chaîne alimentaire, qui peut également entraîner l’apparition de ravageurs secondaires.

L’ingestion de ces toxiques n’a pas forcément pour effet la mort de ces populations, par contre elle peut avoir d’autres effets presque aussi néfastes : développement de pathologies, dysfonctionnements du système immunitaire ou autres mécanismes, problèmes de fertilité, ...





3 - Elle tend à rétablir la biodiversité



La lutte biologique est incluse dans la lutte intégrée, fréquemment utilisée car elle permet de plus grand nombre de solutions (y compris l’utilisation de produits phytosanitaires mais en faibles quantités et en dernier recours). La lutte intégrée repose plus particulièrement sur la prophylaxie, c’est-à-dire sur la prévention de l’apparition des bioagresseurs. On y met en place de nombreuses mesures, entre autres en ce qui concerne la richesse et la santé du sol : rotation des cultures, bicultures, associations de végétaux, amendements par de la matière organique, qui renflouent le sol en humus et en microorganismes utiles (qui sont eux aussi des auxiliaires).



Que ce soit dans l’agriculture, les communes ou les particuliers, le retour durable des prédateurs et autres auxiliaires grâce à la lutte par conservation demandent la mise en place de friches, de prairies fleuries, de haies mixtes, d’une grande diversité dans les variétés cultivées. On installe des nichoirs, des hôtels à insectes, on met en place des habitats sauvages (tas de bois ou de pierre, tas de feuilles mortes, mare, ...).





LES AUTRES ATOUTS DE LA LUTTE BIOLOGIQUE



Les avantages de la lutte biologique sont nombreux. En voici 5 autres !



4 - Pas de risque de surdosage



-> S’il y a trop d’auxiliaires par rapport à la quantité de nourriture (les bio-agresseurs), ils vont se disperser.



Les surdosages peuvent être dus soit à une mauvaise utilisation du produit, soit à cause de l’apparition de “génotypes résistants” : les doses sont augmentées et appliquées de manière plus fréquente pour venir à bout des agresseurs.





5 - Elle vise à diminuer la densité des populations de ravageurs, pas à les faire disparaître



Dans un biotope, chaque organisme est nécessaire. Les ravageurs des cultures sont certes nuisibles de par leur nombre, mais une fois rétabli l’équilibre naturel leur nuisance est toute relative (seuil économique/écologique acceptable). Les auxiliaires, eux, sont reconnus comme très utiles mais que deviendraient-ils sans nourriture ?





6 - Certains agents de lutte ont de très bonnes capacités



Les parasitoïdes semblent être les agents les plus efficaces par rapport aux autres types d’auxiliaires utilisés. Ils montrent une très bonne dispersion dans le milieu dans lequel ils sont introduits et trouvent immanquablement leur hôte. De plus, ils sont assez facilement installés dans ce milieu.



7 - Les auxiliaires peuvent se reproduire et se propager seuls



Bien (ré)introduits dans le milieu, ils s’y installent, se reproduisent et limitent donc très durablement la densité de ravageurs dans ce biotope sans autre intervention humaine.





8 - Moins coûteux à long terme



Un autre avantage de la lutte biologique est financier ! Une fois la dépense effectuée, lorsque l’introduction est réussie, il n’y a plus de frais. Les pesticides et autres ont eux un coût assez élevé, qui est accru par l’apparition de résistances chez les nuisibles. De plus, ce coût se renouvelle chaque année. Certes il peut y avoir de nombreux échecs dans l’acclimatation des auxiliaires : présence de résidus de pesticides, pas assez de ravageurs ou trop, mauvaises conditions de température, environnement inadapté… C’est pourquoi il est fort judicieux de se faire assister, pour des résultats tangibles et à long terme. La lutte biologique par conservation est particulièrement peu onéreuse puisqu’il ne s’agit que de proposer un environnement adéquat aux agents de lutte.





LES INCONVÉNIENTS DE LA LUTTE BIOLOGIQUE



Certaines intégrations d’auxiliaires tournent mal. Un des meilleurs exemples est la coccinelle asiatique, introduite pour ses meilleures performances en terme de consommation de pucerons et autres ravageurs. Cet auxiliaire s’est en fait révélé terriblement invasif et fait courir un risque d’extinction à certaines espèces de coccinelles locales.



Le coût immédiat peut en être élevé : renouvellement des auxiliaires lorsque le nombre de proies n’est pas assez important, transport (certains sont assez fragiles), élevage.

Les traitements sont souvent complexes à appliquer : ils doivent l’être à une période précise, dans une échelle de température et d’hygrométrie, dans un certain environnement, ...

Décalage parfois important entre l’introduction et le résultat : ponte, développement et diminution du nombre de ravageurs sont susceptibles de prendre plusieurs semaines.

Il n’existe pas d’ennemi naturel pour chaque ravageur, du moins à ce jour.

Elle peut demander dans certains cas une étude pointue pour connaître le ravageur (espèces parfois difficiles à différencier), ses “facteurs naturels de régulation”, les mécanismes par lesquels il se multiplie ...



Il peut se produire du fait des élevages une pollution génétique. Les populations introduites possèdent un capital génétique assez homogène, au contraire des individus vivant dans la nature. Dans le cas où l’une des caractéristiques ne serait pas adaptée au milieu, elle pourrait “contaminer” les populations sauvages lors d’accouplements et rendre cette population inadaptée, au risque de la faire disparaître (localement bien sur).

Les effets et la dispersion des agents ne peuvent pas être contrôlés.







La lutte biologique est la solution aux déséquilibres qui se multiplient du fait de l’utilisation des produits chimiques. Ces déséquilibres provoquent une multiplication anormale des ravageurs les plus résistants. Mais encore faut-il que cette lutte soit utilisée en conscience et à l’aide d’études techniques précises pour éviter les accidents et les échecs répétés. Ces études requièrent d’ailleurs encore de nombreux perfectionnements. Lorsqu’elle est bien maîtrisée par contre, les avantages de la lutte biologique sont nombreux et fort bénéfiques, tout aussi bien pour la santé humaine que pour notre environnement.



Source : gammvert.fr





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