Dominée encore par une agriculture de type familial, aux antipodes d’un modèle intensif, l’Afrique est plus que jamais dans le viseur des multinationales de semences. Une question demeure: Comment les Etats africains peuvent-ils veiller à ce que les semences industrielles fournies par les grands groupes augmentent globalement les rendements, mais aussi à ce qu’elles servent les intérêts des agriculteurs qui en ont besoin pour leur sécurité alimentaire ?
Selon l’agronome et généticienne des plantes tropicales au CIRAD, Danièle Clavel, les semences industrielles fournies ou plutôt vendues par les grands groupes, sont un mythe. Même les grands groupes savent qu’il faut développer des variétés sur place, mais leur objectif est que ces semences soient identifiables et payantes. Les Etats africains sont souverains et disposent en général des ressources humaines scientifiques capables de conduire des études originales en lien direct avec la réalité du terrain. L’objectif d’instruire les politiques agricoles publiques afin d’accroître l’impact des recherches techniques ou sociotechniques devrait être systématiquement attaché à ce type de travail. Ce lien direct avec le terrain nécessite l’inclusion de tous les types de savoirs et savoir-faire afin de favoriser des innovations variétales qui soient adaptées aux besoins, et que le système dans lequel les semences sont inscrites soit accessible et dynamique, c’est-à-dire capable d’évoluer à l’image des variétés elles-mêmes. La notion de dynamisme est capitale. Si l’innovation autour des nouvelles variétés est co-construite avec des actrices et acteurs locaux, elle a beaucoup plus de chances d’avoir un impact positif et d’être adaptée si le contexte change ou si une nouvelle opportunité apparaît. C’est ce type de compétences que l’Afrique doit développer et non pas des personnes uniquement formées à « transférer » des connaissances et objets technologiques stéréotypés, directement issus de la culture occidentale néolibérale, dont la révolution agricole des années 50 a conduit à un appauvrissement inédit et très rapide de la diversité végétale et animale. Cette recherche, pour exister en Afrique sans se compromettre avec des financements intéressés par les applications commerciales, doit être inclusive. En d’autres termes, elle doit fédérer des organisations paysannes, des ONG et des groupes de femmes très organisés, notamment autour de l’agroécologie, mais qui disposent de peu de moyens. C'est ce genre de recherche variétale qui doit être favorisée. Elle commence déjà à exister et peut être très efficace sans être onéreuse.
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SOURCE:
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