Nonobstant les efforts remarquables fournis pour l’autosuffisance rizicole en Afrique , le continent est toujours le grand importateur de riz. Il se trouve donc être vulnérable en ce moment de crise sanitaire où le riz au vu des différentes décisions prisent par les pays exportateurs, est un élément précieux pour la sécurité alimentaire.
Dans ans dernier rapport mensuel d'indice des prix alimentaires publié début avril; la FAO remarque que, depuis le début de l'année, les prix du riz sur le marché international ne cessent d'augmenter et sont à leur plus haut niveau depuis juin 2018. Effectivement, c’est la guerre du riz. Selon l'IGC, les stocks de fin de campagne 2019/20 totaliseraient 177 Mt et grimperaient à 185 Mt fin 2020/21 ; ces stocks représentent 35% de la consommation mondiale annuelle. Mais plus de 40% des stocks de riz se trouvent bel et bien dans les entrepôts des principaux pays exportateurs et non sur les bateaux, coronavirus obligent. Au confinement indien (confinement qui a entraîné des pénuries de main d'œuvre et des problèmes logistiques) s'est ajoutée la décision la semaine dernière du Vietnam (ème exportateur mondial derrière l'Inde et la Thaïlande) d'interdire toute signature de nouveaux contrats le temps de s'assurer que l'approvisionnement local est suffisant pour couvrir sa demande nationale. Notons que sur les quelque 5 Mt de riz exporté par le Vietnam, 60% vont à d'autres pays asiatiques et 22% à l'Afrique. Le Cambodge de son côté a annoncé interdire toute exportation de riz blanc et paddy pour assurer sa sécurité alimentaire nationale durant toute la pandémie. La thaïlande jouit donc d’une grande liberté sur le marché de l’exportation; quasiment seul en lice, renversant la situation qui prévalait jusque là. La situation de l'Afrique est la plus fragile. Malgré les annonces politiques fracassantes et répétées de hausse de production pour atteindre l'autosuffisance cette dernière décennie, on en est encore loin. L'Afrique sub-saharienne, qui est la troisième région consommatrice de riz au monde et affiche la plus forte progression de sa demande, représente encore un tiers des importations mondiales. Si ses achats ont baissé en 2018, ils auraient progressé de 3,6% en 2019 à 17,4 Mt contre 16,7 Mt en 2018, selon Patricio Mendez del Villar, chercheur au Cirad et responsable d'Osiriz. Il est, évidemment, difficile de se prononcer sur 2020 car outre l'impact du coronavirus et en fonction de comment se dessinera l'après coronavirus, la fermeture des frontières terrestres du Nigeria depuis août 2019 impactait déjà les chiffres d'importations africaines de riz du continent. La vulnérabilité de l'Afrique sub-saharienne est due à ce qu'elle détient les plus faibles stocks de céréales (estimés à 2,43 Mt de riz fin 2019/20 pour tout le sous-continent) au monde au regard de sa consommation car les budgets des Etats sont faibles et les capacités de stockage limités.
#Marché #Riz #Afrique #Coronavirus
LIRE AUSSI: La Chronique des Matières Premières Agricoles: Le riz au 2 avril 2020=>
SOURCE:
www.commodafrica.com